Histoire de la Paroisse et de l’église de Brain-sur-Vilaine
1/ Histoire de la paroisse
La paroisse de Brain est très ancienne. On en parle au 5ème siècle à propos de Saint Melaine, enfant du pays. A cette époque, Brain s’appelle Placio. Melaine naquit dans cette paroisse vers le milieu du 5ème siècle, au bord de la Vilaine dans un manoir situé près des actuels villages de la Blandinais et Placais. Ses parents confièrent son éducation à des prêtres. Vers 18ans, il embrasse la vie religieuse.
Plus tard, il fonda un monastère dans le manoir de ses parents. Sa renommée ne tarde pas à franchir les limites de la paroisse pour parvenir jusqu’à Saint Amand alors évêque de Rennes. Celui-ci, peu de temps avant sa mort, fit appeler Melaine et le désigna pour lui succéder.
Au 9ème siècle, la paroisse s’appelle Plaz. Elle fut donnée, par Louis le Débonnaire, à Conwoïon, fondateur et abbé de l’abbaye Saint Sauveur de Redon, donation confirmée en 850 par Charles le Chauve roi de France, et, en 857, par Erispoë, roi de Bretagne.
On ne sait pas pourquoi ni quand la paroisse de Plaz pris le nom de Brain. Il faut arriver à l’année 1238 pour trouver une mention du baillage de Brain appartenant à l’abbaye de Redon.
Ce territoire restera entre les mains des moines bénédictins de l’abbaye de Redon jusqu’à la Révolution, par l’entremise d’un vicaire perpétuel et d’officiers en charge de la Juridiction de Brain et de Langon dont il était le chef-lieu. Ils y construisirent un manoir d’une certaine importance, sorte de château abbatial qui devint le siège de la juridiction de Brain et Langon. Ce château abbatial, ruiné par les Calvinistes du Grand-Fougeray pendant les guerres de Religion, fut, par la suite, démoli et remplacé à partir de 1742 par l’actuel bâtiment situé au sud de l’église (l’actuel Marie annexe et salles de fêtes).
Au milieu du 19ème siècle, ce vieux-bourg excentré au sud-est de la commune perdit beaucoup de son importance au profit du nouveau bourg de La Chapelle de Gannedel où l’on transféra le culte en 1855. En 1875, on créa deux communes : La Chapelle-Saint-Melaine et Brain-sur-Vilaine et en 1877, le vieux bourg redevint, par conséquent, le chef-lieu d’un territoire réduit, jusqu’à la nouvelle fusion communale en 1976. Du fait de son antériorité, le bourg de Brain conserve au contraire de celui de la Chapelle, un ensemble d’ouvrages conservant des caractères patrimoniaux de valeurs ; l’église paroissiale Saint Melaine présente des parties romanes, des indices (par exemple un date portée de 1589) signalent l’existence d’ouvrages probablement détruits à la fin du 16ème siècle durant les guerres de religion, la maison de sénéchal, dite la Maison Blanche date en partie du 17ème siècle, la manoir abbatial dit l’Abbaye est reconstruit au 18ème siècle et plusieurs autres ouvrages anciens sont souvent reconstruits au 19ème siècle ou remaniés au 20ème siècle sur des structures préexistantes. L’agglomération à la forme d’une rue aux extrémités de laquelle le manoir abbatial à l’est et le champ de foire à l’ouest marquent les limites. D’autre part, le plan cadastral de 1847 figure des halles construites après 1818 à proximité du cimetière.
2/ Histoire de l’église de Brain-sur-Vilaine
Il n’existe pas de réponse précise à la question de savoir quand l’église fut construite. Une note retrouvée dans le registre des épousailles de 1576 indique que :
« Le vingt-huitième jour de mars de l’an 1459 fut l’église de Brain et les autels d’icelle consacrés, sauf celui de la Chapelle Notre Dame parce qu’il était rompu ; et fut faite la dite consécration par Monseigneur Yves de Pontsal, évêque de Vannes, et furent présent,
- Yves le Sénéchal, abbé de Redon,
- Révérend Père en Dieu Messire Blanchet, abbé de Prières
- Dom Pierre Pichorel, recteur de Pluherlin,
- Georges le Bougon, vicaire de la paroisse de Brain,
- Robert Roux, Raoul Hynoet, Georges Languez, Guillaume Fortin, Macé Robin
- Et maistre Guillaume de Brohaye, vicaire de Langon et chastelain du dit lieu et de Brain. »
A l’origine priorale et paroissiale, l’église est donc antérieure au 15ème siècle.
Elle avait, à l’origine, la forme d’une croix latine. Par la suite, au 16ème siècle, furent ajoutés un collatéral au sud, une sacristie et le clocher principal. Avant la construction de ce dernier, le portail principal, à l’ouest, datait du 15ème siècle et comportait des voussures et des colonnettes prismatiques. Elle conserve de la période romane son chevet à contreforts plats.
L’église fut, à cette époque, en partie reconstruite.
Placée sous le vocable de Saint Melaine, on y voyait, nous rappelle de le chanoine Guillotin de Corson, au 17ème siècle, les autels du Rosaire, de Saint Germain, Saint Nicolas, Saint Jean, Saint Etienne et Saint Armel. Elle possédait alors un jubé et un sacraire. Tout cela est aujourd’hui disparu.
Des réparations importantes ont été effectuées en 1738 et surtout entre 1753 et 1755 par Loisel. L’état de l’édifice, en 1753, est tellement lamentable que l’assemblée paroissiale envisage la construction d’une église nouvelle. Dans le compte-rendu d’une délibération en date du 19 juillet 1753, on lit :
« en premier lieu, en ce qui concerne l’église, délibérant relativement à la délibération du 23 avril 1753, est d’avis qu’il soit rapporté le procès-verbal de l’état de l’église soit pour réparation ou établissement d’une nouvelle. »
En 1754, on parle de la construction de la sacristie. D’autres réparations sont faites en 1808 et 1809 : réfection du clocher, remplacement d’une cloche et contrat avec un marbrier de Rennes pour l’exécution d’un maître-autel. On ne trouve plus trace de cet autel.
Une nouvelle série de réparations est faites entre 1879 et 1889 par l’architecte Beziers-Lafosse. Les principaux éléments mobiliers sont mis en place : maître-autel et autels secondaires, chaire à prêcher, stalles et lambris du chœur, confessionnaux du mur sud, le tout conçu dans un style assez sobre qui s’accorde à l’architecture.
Il semble qu’une grande partie de ce mobilier, ainsi que les bancs et la bannière de processions de Saint Melaine de 1903, aient été commandés par la famille Argand, dont un membre, appartenant à la famille des Jésuites, est probablement à l’origine des deux statues posées contre le mur ouest de la nef : Saint Stanislas Kotska et Saint Jean Berchmanns sont en effet des exemples proposés par les Jésuites à la dévotion des fidèles. Le Père Argand offre la maîtresse-vitre, représentant Saint Melaine évêque, en 1889 pour l’autel nord. Il commande au peintre Flandin la copie du tableau de William Bouguereau, conservé au musée de Strasbourg, la Vierge consolatrice. La même année, Flandin peint la Mort de Saint Joseph, située au-dessus de la porte ouest. En 1899, le même Flandin prend Georges Argand pour modèle de son portrait de Saint Melaine.
Le clocher principal a été commencé en 1914. Interrompus pendant la guerre, les travaux ne terminèrent que en 1921. Ils furent financés en partie par la commune, en partie par une souscription de paroissiens. Ce clocher est l’œuvre de l’architecte Hyacinthe Perrin de Rennes.
Les vitraux, exécutés par les maîtres-verriers Lecomte et Colin de Rennes, ont été mis en place entre 1879 et 1886. Ils représentent Saint Melaine, Sainte Anne, Saint Joseph, La Vierge, Saint Jean-Baptiste, Saint Conwoïon. Dans la chapelle Nord, le vitrail situé au-dessus de la piéta, représente le Calvaire. Le petit vitrail représente la couronne d’épines.
Au début du 20ème siècle, la décoration du chœur est confiée au peintre nantais Albert Baudry, élève de Puvis de Chavannes, qui y décrit les principaux épisodes de la vie de Saint Melaine sous forme de sept toile, peintes entre 1924 et 1927. En 1926, il orne le mur est de deux dais en trompe l’œil, destinés à mettre en valeur les statues du Sacré Cœur et de Notre Dame de Lourdes, de part et d’autre du maître-autel. En 1932, le chanoine du Halgouët lui commande un chemin de crois, toujours en place.
La piéta, classée par les Beaux-Arts, est un groupe en terre cuite, modelé et peint, dans lequel on trouve les personnages traditionnels assistant à la descente de Croix du Sauveur : Marie, Marie Magdeleine, Joseph d’Arimathie et Nicodème. Ces statues se trouvaient, jusqu’en 1886, dans un oratoire situé dans le cimetière. La tradition, à Brain, veut que cette œuvre fût offerte en cadeau à la paroisse de Brain par Richelieu, ministre de Louis XIII et abbé commendataire de Saint Sauveur à Redon. Dans son Pouillé historique du diocèse de Rennes, Guillotin de Corson date celle-ci de 1781. Elle est peut-être l’œuvre du sculpteur Pierre-Jean Tavaux. Elle est restée dans le cimetière jusqu’en 1889 avant de trouver sa place dans l’église.
La fontaine baptismale, en grès du 15ème siècle, est également classée par les Beaux-Arts.
3/ Les travaux de rénovation récents
La Municipalité a engagé et terminé en 2019 des travaux de rénovations de l’édifice :
- Remaniement et étanchéité de la toiture côté sud,
- Rénovation complète des deux voûtes avec relevage de celle du chœur pour retrouver sa forme d’origine,
- Remise à jour des poinçons dans leur totalité,
- Re-profilage de la voûte latérale,
- Reprises de plâterie notamment autour des vitraux côté sud,
- Rénovation électrique et réfection de l’éclairage.
Diverses petites réparations des statues, peintures et mobiliers ont également été réalisées.
La fleur de lys du fronton a été refaite par les services techniques et a retrouvé sa place.
Les travaux réalisés sur la charpente ont été l’occasion de dater celle-ci par dendrochronologie.